La famille

«C’est lui, moi, et au milieu il y a la brûlure car il faut vivre avec.»

Marie-Jo Lataste épouse de Gilbert Lataste, grand brûlé.

Nous avons rencontré Gilbert et Marie-Jo Lataste.

Depuis le terrible accident du travail dont a été victime Gilbert, Marie Jo ne le quitte plus, elle témoigne :

‘Lorsque mon mari a eu l’accident, je ne connaissais personne, personne qui ait déjà été brûlée. J’ai donc rencontré des infirmières, des médecins. Quand j’étais à l’hôpital , c’était très bien parce qu’ils parlaient avec moi, me conseillaient..  mais quand je rentrais à la maison, j’étais seule car mon mari est resté quatre mois et demi maintenu dans un coma artificiel. Moi on ne  m’a jamais dit qu’on allait sauver mon mari donc j’allais en parler à qui ? Je n’avais personne pour en parler. Lui, il a son expérience de brûlé,  et moi mon expérience de conjointe. Ce sont deux expériences complètement différentes mais elles sont tout de même liées. Mais comme je le dis souvent, nous faisons ménage à trois ! C’est lui, moi, et au milieu il y a la brûlure car il faut vivre avec. Aujourd’hui notre vie est différente, on a du s’adapter. On ne peut pas faire les choses comme nous les faisions auparavant, mais on peut quand même faire pleins de choses. En effet,  on est jamais chez nous, toujours en vadrouille, on va en vacances, on sort. Mais par exemple quand quelque chose ne va pas, le premier qui trinque c’est le conjoint. Il faut être costaud, il faut tout affronter,  je ne peux pas partir plus de deux nuits car il faut que je l’habille, le déshabille, le lave, l’aide à manger car il perdu la vue lors de l’accident. Par exemple, il ne voit pas les os, il peut  alors s’étouffer. Je ne peux donc pas partir seule. Mais on vit avec, on rebondit, on s’adapte. Et même pour nous c’est enrichissant, on rencontre des gens, les plus grands médecins de France lors de congrés qui ont lieu une fois par an. Il faut se soutenir ! Durant son hospitalisation à Paris, le médecin m’a fait parvenir un courrier disant que je devais être auprès de lui au maximum. Je partais le jeudi matin et je rentrais le vendredi soir. A chaque fois j’enmenais un de nos enfants ou une amie. Ses filles s’y rendaient tous les week-end parce qu’il fallait lui parler, fallait le motiver même si le lendemain il ne se souvenait pas de leur venue. Par exemple une fois une infirmière m’a dit que mon mari avait pleuré parce que personne était venu le voir alors qu’on était là sans qu’il s’en rende compte. Quand j’arrivais dans la chambre et que je lui parlais, il reconnaissait ma voix et toutes les machines s’affolaient donc on me faisait sortir au bout de deux minutes.  Donc l’entourage l’aidait beaucoup. Vous savez la première chose qu’il m’a dit quand il a pu parler (parce qu’avant il avait la trachéotomie) c’est si j’allais rester avec lui car il y a quand même 60% de couple qui se séparent après une telle épreuve.  Ce n’est pas l’association qui l’a vraiment aidé, c’est nous, sa famille.’

Le soutien des enfants à leur père hospitalisé

Le soutien des enfants à leur père hospitalisé

 

Nous avons fait connaissance de Nathalie par mails, brûlée depuis ses 19ans.. Elle nous raconte son histoire et ses souffrances .

Me voilà à la recherche d’un fil où partager mon histoire, mais rien !!! Pas une place pour nous les grands brûlés, nul part !!! Pourtant le mal-être lui est réel et le besoin de parler, essentiel !!! Mon histoire : J’avais 19 ans, quand j’ai été victime d’un « banal » accident domestique, comme un lâchement dit l’expert en assurance !!! Banal ?? En soi oui, mais les conséquences, elles sont désastreuses !!! Brûlée au 2e et 3e degrés profonds sur presque 30% du corps, visage, poitrine, bras, le haut du dos, le tibia, une fesse, les pieds … Le jour de l’incendie, j’ai vu dans la glace, ce visage, mon visage ?? Non ce n’était pas moi … J’étais devenue un monstre, oui un monstre … Imaginez vous les joues tombantes, carbonisées … Comment ne pas penser à partir, mais non je n’avais pas le droit, mon fils de 4 mois était là et avait besoin de moi mais dans l’hélico j’ai vu ce qu’on appelle la lumière, cette sensation de légèreté …  Au final, c’est quelques heures de coma, 3 jours de réadaptation, 1 mois en chambre stérile, 1 semaine dans un service de chirurgie esthétique, 4 mois de soins infirmiers à domicile, 1an de rééducation à souffrir comme jamais je n’aurai cru qu’il était possible de souffrir, 1 an et demi de cauchemars, car finalement il y a pire que les séquelles physiques !! Avez vous déjà eu peur d’une cheminée, de craquer une allumette ou simplement d’une odeur !!! Je ne vis plus du moins si je vis et je la savoure ma vie même si je passe 1/4 de ma journée à stresser, paniquer, surveiller, vérifier … encore et encore !!! Aujourd’hui, ce drame est ma force car avec lui j’ai appris ô combien vivre est un privilège et surtout que tout peut se stopper en une fraction de seconde !!! Aujourd’hui je vis comme si ce jour était le dernier !!! Et surtout je réalise ma chance d’avoir 2 merveilleux enfants, un mari aimant, parce que oui mon homme m’aime et me désire malgré ce corps qui n’ est plus le mien, une famille aux petits soins … Ils sont ma force, mon espoir, ils ont cru en moi et pour eux j’ai soulevé des montagnes et j’en suis fière !! Dans cet incendie une partie de moi est morte celle que l’ on nomme ‘insouciance’ mais malgré l’angoisse je croque ma vie … presque … à pleine dent !!

La famille est  essentielle pour aider le grand brûlé à s’accepter, à se reconstruire . « Les soins sont très important, mais l’accompagnement de la famille est pour 50% dans son retour dans une vie sociale »  d’après Monsieur Lataste.  D’après le témoignage de Janic, « Il faut avoir le courage d’avancer après cette épreuve douloureuse. Chaque personne m’apportait quelque chose de différent. Chaque personne venait mettre un baume sur ma blessure ou m’encourager à sa façon pour que j’avance. »

 

 

 

 

  1. La famille a beaucoup de courage! Bravo pour votre blog très bien expliquer !

  2. J’ai été moi même la fille d’un brûlé , il avait rencontré monsieur Lataste. C’est un homme plein de courage, et qui malgré son énorme handicap , réussi à sourire et à profiter de la vie ! Bonne continuation à eux ! (ps: très bon exemple!)

  3. C’est touchant, leur vie est différente maintenant mais ils ne baissent pas les bras, ils donnent l’exemple pour beaucoup de couples !

  4. Je félicite la famille. C’est un beau geste d’amour. C’est d’une certaine façon, un sacrifice de la vie. C’est au delà du courage. Je pense qu’il faut détenir une grande force morale pour réussir à tenir. Nous devrions tous lire ses témoignages. Ils nous apprennent à quel point la vie est importante et sacrée.

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